Ce site présente
une anthologie de la poésie chinoise tardive (Xème au XVIIIème siècle). Plus de cinq cents poèmes chinois sont proposés avec le texte original en caractères chinois classiques et une nouvelle traduction française.
Une anthologie poétique pour qui ?
Cette anthologie bilingue de la poésie chinoise, constituée poème après poème à partir des textes originaux, est destinée aux personnes qui aiment la poésie et qui trouveront dans les œuvres poétiques ici rassemblées l’expression d’un lyrisme inspiré à travers des compositions variées, souvent en tonalités élégiaques.
À celles qui s’intéressent plutôt à l’histoire de la littérature chinoise, ce recueil poétique permet aussi d’avoir une bonne idée des œuvres lyriques des époques tardives, avec les écrivains chinois majeurs que sont Ouyang Xiu, Su Dongpo, Li Qingzhao, Lu You, Xin Qiji, parmi beaucoup d’autres.
Enfin, pour ceux et celles qu’inspirent les voyages, ces textes littéraires évoquent aussi les caractéristiques particulières de la culture chinoise traditionnelle et de l’espace géographique qui appartiennent au contexte dans lequel ils furent composés, et sont toujours présents aujourd’hui.
Découvrir la poésie : Quinze Poèmes Chinois pour les enfants.
Découvrir le monde et découvrir les mots, cela va ensemble : c'est pourquoi l'enfance (petite et grande) est un moment privilégié de découverte de la poésie.
On a donc rassemblé en format livre, téléchargeable en fichier pdf, epub et mobi, une quinzaine de poèmes, plus faciles à aborder pour de jeunes lecteurs, éventuellement assistés d'un adulte, que la plupart de ceux qui figurent dans le reste de l'anthologie. Ils sont remarquables par la fraîcheur et naturel de l’expression poétique, le pittoresque des scènes, l’authenticité du sentiment ou l’humour du propos. Il s’y trouve aussi un appendice sur l’écriture chinoise à destination du même public.
Li Qingzhao : l'intégrale des odes
Soixante-dix pages de poèmes accompagnées d’une cinquantaine de pages d’introduction et de commentaire sur l’œuvre de la grande Dame de la poésie : voici
Les cinquante-huit odes de Li Qingzhao (李易安 en littérature). L'ouvrage est disponible sous format électronique (epub pour liseuse), chez Kobo et la Fnac.
Li Qingzhao 李清照 (1084 – après 1149) est considérée comme la plus grande poétesse de la Chine classique ; elle prend place surtout parmi les écrivains chinois les plus originaux et les plus accomplis. Écrits dans une langue parfois proche de la langue parlée de son temps, ses poèmes chantés 詞 non seulement manifestent une grande qualité de sentiment, mais font preuve aussi d’une originalité sans égale dans la littérature chinoise par le choix des images et l’utilisation du langage. Héritière de la tradition lyrique du 詞, Li Qingzhao ne se contente pas d’en porter le romantisme à son plus haut degré : elle ne cesse d’expérimenter pour mieux cerner toutes les dimensions de la création poétique.
Sa vie fut marquée par les vicissitudes du temps, dans un empire Song quasi-moderne sous les aspects sociaux, économiques, techniques et culturels, mais incapable de faire face aux pressions exercées sur ses frontières. Elle connut donc l’exil depuis le Nord envahi par les Jin vers le Yangzi, puis le veuvage, l'errance et la gêne, ce qui donne une teinte mélancolique, voire désespérée, à ses poèmes les plus tardifs. Elle écrivit beaucoup, presque tout fut perdu ; mais la cinquantaine de pièces qui nous restent sont un enchantement et apportent un témoignage éclatant sur la hauteur de son inspiration et de son talent.
Li Qingzhao semble un phare au sens baudelairien ; et, en ces temps amers, peut-être avons-nous besoin de ces phares plus que jamais.
La place de la poésie dans la littérature et la civilisation chinoise
Il faut souligner que la poésie a été une composante majeure de la littérature chinoise tout au long de son histoire, et c’est particulièrement le cas des odes 詞 d’époque Song. Par la suite, si d’autres genres littéraires occupèrent le devant de la scène tandis que la poésie chinoise se rapprochait elle-même de la peinture par le truchement du poème paysager, l’activité créatrice des poètes, devenue plus personnelle, ne se ralentit nullement.
C’est pourquoi les textes du recueil peuvent être également être lus du point de vue de l’histoire littéraire pour obtenir un aperçu des œuvres lyriques des périodes tardives, moins connues que celle des textes poétiques des époques antérieures, mais non moins dignes d’intérêt : l’histoire de la poésie dans la littérature chinoise ne s’arrête pas avec les poèmes Tang.
Il va de soi que ces œuvres poétiques sont aussi le reflet des conditions géographiques et climatiques du sous-continent chinois, des conditions historiques et politiques de l’empire et des évènements qui s’y sont déroulés, des conceptions philosophiques et religieuses de l’univers et de la société typiques de la civilisation chinoise ; et, d’une façon générale, de tout ce qui a trait à la culture et aux traditions chinoises.
Mots-clés
automne chagrin ciel cœur fleurs fleuve froid jade larmes lune neige nuages nuit pluie printemps rêve saules soir soleil tristesse ventLe mot du traducteur
Avec cette nouvelle mise à jour, nous voici donc arrivés au-delà des cinq cents poèmes, dont tous ne sont pas courts, depuis la première apparition du site au printemps 2006 qui n’en comptait que trente-six ; cinq cents textes dont il faut souligner qu’une bonne proportion, la moitié peut-être, n’avaient jamais été auparavant traduits dans aucune langue occidentale. Il est délicat de juger si ce petit aquarium poétique est représentatif ou non de la mer immense de la création poétique chinoise des époques considérées ; aussi bien, tout dans l’étendue de ce massif forestier ne présente pas le même intérêt, tant pour ce qui concerne l’originalité du propos que pour les qualités formelles de l’expression – et tout ne se laisse pas non plus approcher par les sentiers de la poésie prise comme fonds universel, du double point de vue du temps et des horizons culturels. Il est nécessaire ici de choisir, et d’accepter l’inachevé ; nul doute que des textes de grande valeur restent cachés dans l’ombre de bosquets trop touffus.
Le long de cette promenade, des notes utiles et autres compléments biographiques resteraient à donner, et certains textes mériteraient peut-être quelques ajustements, à la lueur de l’expérience acquise. Pas de traduction sans partis pris, d’autant plus marqués qu’ils sont inexprimés, voire inconscients, ce pourquoi je me suis quelquefois attaché à expliciter les miens ; mais au fil des années, le point de vue, la méthode, les routines inévitablement se transforment aussi. Pour lire en poésie chinoise, lorsque je peux en trouver les textes originaux, toutes celles qui me tombent dans les mains, j’affirme que les traductions peuvent toutes être contestées, qu’elles prêtent facilement le flanc au risque d’égarer la lectrice vers des conceptions erronées, mais, les unes corrigeant les autres, avec un peu d’habitude c’est en définitive rarement le cas : c’est pourquoi toutes sont utiles. C’est pour finir la présence – indispensable ! – du texte original qui a servi de fondement à son élaboration, qui garantit l’authenticité de la démarche, et toute traduction moderne ne saurait être qu’un accompagnement en contrepoint, et rien d’autre.
Le présent complément porte donc pour l’essentiel sur deux auteurs, dont une dame, de la dernière période de la poésie classique.
À la transition des Ming et des Qing, ce sont l’abandon à la nostalgie d’un passé devenu mythique et la mélancolie d’une vie traversée de chagrins qui marquent les créations poétiques de la poétesse Xu Can 徐燦, dans un langage recherché où l’on trouve de vrais bonheurs d’expression, souvent une « poésie de boudoir » en écho à certaines odes de Li Qingzhao 李清照.
De cette dernière, dont les 詞 demeurent l’un des joyaux de l’anthologie, je présente en complément trois traductions de 詩, poèmes réguliers, dont l’un décrit un rêve qu’elle eut, tentative assez singulière paradoxalement dans la poésie chinoise malgré le papillon de Zhuangzi 莊子, en une narration qui semble en effet être de l’étoffe des songes d'une chinoise cultivée de son époque.
Enfin, Li È 厲鶚 est un poète des paysages traversés au cours des saisons lors des pérégrinations qu’il affectionnait, qu’il lui arrive souvent de décrire en peintre, à partir de notations visuelles explicites.
Bertrand Goujard
Mis à jour le 18 mai 2024.
Liste des nouveaux poèmes
- 李清照 Lǐ Qīng Zhào (1084 – après 1149)
- Impromptu ***NOUVEAU***
- Quand le printemps se meurt ***NOUVEAU***
- Rêve à l’aube ***NOUVEAU***
- 徐燦 Xú Càn (vers 1617 — vers 1693)
- Sur l’air d’« Un Maître très distingué » ***NOUVEAU***
- Sur l’air de « Marcher sur un tapis de souchets » ***NOUVEAU***
- Sur l’air de « Joie éternelle de la rencontre » ***NOUVEAU***
- Sur l’air de « Joie éternelle de la rencontre » ***NOUVEAU***
- Sur l’air d’« En vain tant de décrets » ***NOUVEAU***
- Sur l’air de « Comme en rêve » ***NOUVEAU***
- Sur l’air d’« Souvenir d’une beauté de Qin » ***NOUVEAU***
- Sur l’air de « Laver le sable au torrent » ***NOUVEAU***
- Sur l’air de « Le génie des bords du Fleuve » ***NOUVEAU***
- Sur l’air d’« Un papillon épris d’une fleur » ***NOUVEAU***
- Sur l’air de « Des saules en plein vent » ***NOUVEAU***
- Sur l’air d’« Une cour pleine de parfum » ***NOUVEAU***
- Sur l’air d’« Ode au dragon des eaux » ***NOUVEAU***
- 厲鶚 Lì È (1692 – 1752)
- Nuit lunaire au Temple du Prodigieux Mystère ***NOUVEAU***
- L’aurore arrive au dessus du lac ***NOUVEAU***
- Sur l’air d’« Une musique à la hauteur du ciel » ***NOUVEAU***
- Sur l’air d’« En audience aux portes d’or » ***NOUVEAU***
- Composé lors du trajet de retour en bateau sur le fleuve, à la vue du rocher des hirondelles ***NOUVEAU***
- Sur l’air d’« Une musique à la hauteur du ciel » ***NOUVEAU***
- Froid printanier ***NOUVEAU***
- En suivant le cours de la Rivière-aux-Ronces ***NOUVEAU***
- En barque à Précieux-Exaucement, une nuit de lune ***NOUVEAU***
Traduire la poésie chinoise ?
Au sujet de la poésie, parmi bien d’autres thèmes liés à la traduction qu’il traite avec autant de pertinence que d’humour, David Bellos, dans son ouvrage Le Poisson et le Bananier – L’histoire fabuleuse de la traduction (à lire absolument), tourne en dérision au chapitre 13 l’idée reçue selon laquelle « la poésie est ce qui se perd à la traduction ».
Certes, pour ce qui nous concerne, chacun des trois mots du titre du présent paragraphe pose en soi une question :
- Qu’est-ce que traduire ? « Dire presque la même chose » selon Umberto Eco, mais tout est dans le « presque » bien sûr ! De plus, est-ce assez que ceci ? Est-ce tout ? Est-ce même vraiment cela ?
- Comment prendre en compte la dimension poétique, pour autant qu’on puisse l’identifier, ou plus exactement peut-être à défaut, la visée poétique des textes originaux ?
- Quelles sont les difficultés spécifiques (qui sont loin d’être négligeables) que pose la traduction du chinois classique qui est en œuvre ici ? Chinois classique qui n’est nullement la transcription d’une quelconque langue orale, mais (voir L'Idiot Chinois de Kyril Ryjik) un système graphique très particulier indépendant de toute nomination (même s’il peut être en poésie scandé et chanté) ; et dont de surcroît les textes existants de toute nature présentent le pli fâcheux de placer une confiance souvent démesurée dans le discernement et la culture de quiconque tente de les aborder !
Au fil de mon travail sur les traductions, je propose ici quelques réflexions plus ou moins générales et quelques exemples plus ou moins simples de la démarche du traducteur de poèmes chinois classiques.